
Santé Publique France a profité de la journée mondiale de la santé mentale qui s’est tenue le 10 octobre pour publier son bilan sur les conduites suicidaires en France en 2024.
L’ESSENTIEL
- En 2024, la prévalence des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois chez les 18-79 ans était estimée à 5,2 %. Cela représente une hausse par rapport aux années précédentes.
- La prévalence était de 5,4 % pour les tentatives de suicide déclarées au cours de la vie.
- Les hospitalisations pour geste auto-infligé étaient en hausse chez les jeunes. Si les filles étaient les plus concernées, la tendance était aussi observée chez les garçons.
Selon le bilan des conduites suicidaires de 2024 publié par Santé Publique France le 10 octobre 2025, les pensées suicidaires ont été plus présentes parmi la population adulte, mais les passages à l’acte moins nombreux. Néanmoins, il existe des divergences entre les régions ainsi que selon les sexes et l’âge.
Conduites suicidaires : les jeunes continuent à être particulièrement touchés
En 2024, les pensées suicidaires ont assombri le quotidien d’un plus grand nombre de personnes. En effet, leur prévalence chez les 18-79 ans était de 5,2 % alors qu’elle était respectivement de 4,7 % et de 4,2 % en 2017 et 2020. Au niveau régional, les Hauts-de-France et la région Grand Est affichaient les taux les plus élevés avec 6,5 % et 6,2 %.
Si les idées noires ont augmenté l’année dernière, les passages à l’acte sont restés stables. Seulement, 0,4 % des 18-79 ans ont confié avoir fait une tentative au cours de l’année passée. L’Occitanie était la région la plus touchée avec une incidence de 0,7 % tandis que la Corse présentait le plus faible taux de tentative (0,1 %).
Par ailleurs, en observant les données sur les tentatives de suicides déclarés au cours de la vie entière (et pas uniquement au cours des 12 derniers mois), on remarque que la tendance est à la baisse. En effet, la prévalence nationale s’élevait à 5,4 % contre 6,6 % et 7,1 % en 2017 et 2021. La région Île-de-France (4,6 %) affiche le taux le plus faible de toutes les régions. Par contre, les tentatives étaient plus nombreuses dans les Hauts-de-France (6,7 %) et dans les Pays de la Loire (6,2 %).
L’édition 2024 montre également qu’il faut être particulièrement vigilants avec les 11-17 et 18-24. La hausse des taux d’hospitalisations pour geste auto-infligé (HGAI) observée depuis la crise sanitaire de la Covid-19, se poursuit chez tous les jeunes quel que soit leur sexe. Ainsi, les patientes de 11-24 ans présentent l’incidence la plus élevée avec 674 hospitalisations pour 100.000 adolescentes chez les 11-17 ans (+21 %) et 424 hospitalisations pour 100.000 femmes chez les 18-24 ans. Parmi les garçons, les deux mêmes classes d’âge affichaient les progressions masculines les plus marquées avec respectivement +19 % et +11 %. Les chiffres relevés pour les adolescents et jeunes adultes sont d’autant plus préoccupants que les taux restaient globalement stables chez toutes les autres classes d’âge.
« À travers l’Hexagone, le gradient géographique décroissant nord-ouest/sud-est des taux régionaux d’HGAI observé depuis plusieurs années était retrouvé. Les taux standardisés les plus importants étaient observés dans les Hauts-de-France (251 pour 100.000 habitants), en Normandie (202 pour 100.000) et en Bretagne (192 pour 100.000). Les taux les plus faibles étaient observés en Corse (86 pour 100.000) et en Île-de-France (80 pour 100.000) », ajoute le rapport.
Décès par suicide : les trois quarts des cas sont des hommes
Le rapport a également fait le point sur les décès par suicide pour l’année 2023. L’analyse des données montre que ces derniers sont restés relativement stables avec 8.848 personnes s’étant donné la mort. Cela représente 13 décès pour 100.000 habitants. « Au cours des cinq dernières années, les taux standardisés de décès par suicide restaient globalement stables au niveau national dans les deux sexes », ajoute Santé Publique France.
Toutefois, cet acte reste majoritairement masculin. En effet, près de 3 décès sur 4 concernaient des hommes (75,1 %). Les 65 ans et plus ainsi que les 45-64 ans étaient les classes d’âge étaient les plus touchés avec des taux plus de deux fois plus élevés que la moyenne (respectivement 37 et 29 décès pour 100.000 hommes). « Chez les femmes, les 45-64 ans étaient la classe d’âge présentant le taux de décès le plus élevé avec 10 décès pour 100.000 femmes, suivi par les 65 ans et plus avec 9 décès pour 100.000. »