
Le gouvernement hongrois a annoncé tard mardi soir mettre fin au plafonnement des prix du carburant, après qu’une pénurie d’essence eut entraîné une ruée vers les stations-service.
«La mesure est supprimée » avec effet immédiat, sur suggestion du géant national de l’énergie MOL, a déclaré Gergely Gulyas, le chef de cabinet du Premier ministre Viktor Orban, lors d’une conférence de presse convoquée à la hâte. Il a pointé les sanctions européennes contre la Russie, régulièrement critiquées par l’exécutif hongrois pour le marasme économique du pays.
«Ce que nous craignions s’est produit », a-t-il dit: l’entrée en vigueur lundi d’un embargo de l’Union européenne (UE) sur le pétrole russe acheminé par voie maritime « a provoqué des perturbations tangibles dans l’approvisionnement de pétrole ». Un peu plus tôt, MOL avait déploré une « situation de l’offre clairement critique ».
«La demande a explosé, les consommateurs font des réserves et les achats de panique ont commencé », a déclaré Gyorgy Bacsa, directeur exécutif de la compagnie. Les médias ont montré mardi des files d’attente d’une centaine de mètres de long aux abords de stations-service du pays.
«Une pénurie partielle de nos produits touche tout notre réseau et un quart de nos stations sont complètement à sec », avait déploré M. Bacsa.
La pénurie de carburant est due à une baisse de 30% des importations de carburant, ainsi qu’à des opérations de maintenance dans l’une des raffineries de MOL, qui doivent durer « plusieurs semaines », a-t-il précisé.
L’Association des stations-service indépendantes (FBSZ) avait appelé le gouvernement à abandonner le plafonnement des prix du carburant, le jugeant responsable du manque d’essence constaté depuis des semaines. Pour ne pas vendre à perte, les entreprises étrangères ont en effet réduit leurs livraisons de carburant à la Hongrie, selon FBSZ. En novembre 2021, Budapest avait décrété un prix fixe d’environ 1,17 euro par litre de sans-plomb 95. Révisé tous les trois mois, le plafond a été prolongé pour la dernière fois en septembre et devait rester en vigueur jusqu’à la fin de l’année. Cette mesure, également appliquée à une série de produits alimentaires de base, visait à soutenir l’activité économique et à juguler la flambée des prix, argue le gouvernement.
L’inflation en Hongrie a dépassé 21% sur un an en octobre, son niveau le plus élevé depuis 1996, et le troisième plus élevé de l’UE, selon Eurostat.
Le gouverneur de la banque centrale hongroise, Gyorgy Matolcsy, a fustigé cette semaine les « plafonnements des prix », estimant qu’ils avaient gonflé « de trois à quatre points de pourcentage l’inflation » en poussant les commerçants à augmenter les prix des autres biens.
«Ils devraient être retirés immédiatement », avait lancé l’économiste, généralement considéré comme un allié de M. Orban, devant une commission parlementaire lundi.


