
On entend souvent dire que sauter le petit-déjeuner nuirait aux capacités cognitives. Mais les dernières recherches ne vont pas dans ce sens… du moins en ce qui concerne les adultes.
L’ESSENTIEL
- Sauter le petit déjeuner n’affecte presque pas les performances cognitives des adultes.
- Le cerveau s’adapte en utilisant d’autres sources d’énergie.
- Seuls les enfants ont véritablement besoin de manger pour bien penser.
Los parents, les médecins, mais aussi toutes les marques de céréales nous l’ont répété à l’envi : ne pas manger le matin nuirait à notre concentration, à notre mémoire et à nos capacités de réflexion. Une récente méta-analyse, publiée dans Psychological Bulletin, révèle pourtant que sauter un repas, même au petit matin, n’affecte en réalité que très peu notre cognition.
Le cerveau a plus d’un carburant
En analysant 63 études impliquant plus de 3.400 participants, les chercheurs Christoph Bamberg (Autriche) et David Moreau (Nouvelle-Zélande) ont ainsi observé une différence infime de performance entre les participants à jeun et ceux ayant mangé un petit-déjeuner : seulement 0,02 unité standard, soit un écart statistiquement négligeable.
Normalement, le cerveau fonctionne avec du glucose. Mais lorsqu’on saute un repas, il passe en mode « hybride » en utilisant les corps cétoniques issus des graisses stockées. « Le cerveau continue de fonctionner, juste avec un carburant différent », expliquent les auteurs dans un communiqué. Cette flexibilité serait héritée de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, habitués à de longues périodes sans nourriture.
L’effet de la faim sur les performances mentales reste donc très limité. Une exception, tout de même : les tests présentant des images de nourriture, qui ralentissaient l’attention des participants « affamés ». Autrement dit, « la faim dérange surtout quand on pense à manger ». A noter toutefois que les enfants semblent faire exception : leur cerveau en plein développement nécessite un apport énergétique plus constant. « Les enfants, surtout ceux en situation de carence, se concentrent mieux après un petit déjeuner », rappelle l’étude.
Le petit déjeuner, un effet placebo
Fait intriguant : les croyances influencent les performances. Les participants qui pensaient que jeûner les aiderait à se concentrer faisaient effectivement mieux. L’impact du petit déjeuner serait donc autant psychologique que biologique.
Les adeptes du jeûne intermittent peuvent donc être rassurés : cette pratique n’altère pas les fonctions cognitives, même sur des durées allant jusqu’à 16 heures. Selon les auteurs, « le cerveau humain est conçu pour rester alerte, qu’on ait mangé récemment ou non ».


