
Après huit mois sans salaire, la ma jorité des travailleurs du chantier de la société «Construct-Ouest» sont en arrêt de travail et tiennent des sit-in devant le siège de leur direction générale, sise à Es-Seddikia depuis maintenant une semaine. En effet, cela fait une semaine que de nombreux travailleurs de la société «Construct-Ouest» venus d’Oran, de Sig, de Mostaganem et de Relizane, se rassemblent devant le siège de leur direction générale pour revendiquer le paiement de leurs salaires qu’ils attendent depuis huit mois. Ces travailleurs que nous avons rencontrés ont affirmé, qu’ils ne peuvent plus subvenir au besoin de leurs familles, indiquant qu’ils ne peuvent même plus faire des achats à crédit auprès des commerçants. Et comme pour mieux illustrer l’état de détresse dans lequel ils se trouvent, l’un des travailleurs nous dira que de deux de ces collègues ont même tenté de se suicider.
«Nous ne pouvons plus payer de loyer, ni de facture d’eau et d’électricité. Des épouses de certains d’entre nous sont même allées jusqu’à demander le divorce. Certains de nos collègues divorcés sont poursuivis en justice pour non- versement de la pension alimentaire de leurs enfants, et pour tout dire, ils vivent une véritable misère», a déclaré notre source. Par ailleurs, les travailleurs de ladite entreprise nous ont fait part de leur inquiétude en déclarant que, les saisies des engins que les huissiers de justice opèrent chaque fois sur décision de justice pour le paiement des dettes aux créanciers, ainsi que les cinq carrières d’agrégat à l’arrêt, les inquiètent sérieusement. Pour en savoir plus sur la question, nous avons rencontré le secrétaire général du syndicat de cette société, M.Faradji, qui reconnaît que c’est l’ensemble des travailleurs de la société au nombre de 1.300, qui n’ont pas perçu de salaire depuis huit mois, et non pas uniquement ceux des chantiers et que la revendication du versement des salaires, non sans insister sur le fait que le salaire est un droit garanti par la constitution, mais cela dépasse la direction générale qui a hérité d’une situation catastrophique qui remonte à 2014 et qui résulte de la décision numéro 11/ 141 du 24 juillet 2014, du Conseil de participation de l’Etat (CPE), de fusionner plusieurs sociétés pour en faire une seule entité. Certaines de ces sociétés éparpillées un peu partout dans la partie Ouest du pays étaient en faillite et endettées.
DES SOLUTIONS POUR ÉVITER LA FAILLITE
Et au syndicaliste d’ajouter: « il est vrai que l’Etat a épongé les dettes fiscales et parafiscales de la société nouvellement constituée, mais notre ancienne société et celles qui lui ont été rattachées, avaient des dettes faramineuses à payer aux opérateurs du secteur privé et aux ancien maîtreses d’ouvrages qui ont confié la réalisation de plusieurs projets à ces anciennes sociétés auxquelles ils ont versé des avances sur les travaux à réaliser, qui ont été consommées sans que ces derniers ne voient le jour. Une mauvaise gestion pour laquelle ces anciens gestionnaires n’ont rendu reaucun compte et c’est l’actuelle société et ses travailleurs qui sont en train de payer les conséquences» , a révélé M.Faradji, avant d’ajouter encore une fois que, « sur le territoire national, les 40 entreprises qui ont été fusionnées dans le cadre de la décision précédemment citée, sont confrontées au même problème du défaut de versement des salaires aux travailleurs. Au niveau de cinq régions du pays (Construct-Ouest, Construct-Est, ERLEK pour le Centre, SOBATI pour le Sud-ouest, et une pour le Sud Est), toutes ces sociétés souffrent du même problème que le notre. Le non-versement des salaires varie entre 8 et 30 mois. Pour sauver ces sociétés, en 2017, nous avions déposé un dossier de restructuration des cinq entreprises auprès du Conseil de participation de l’Etat. Dernièrement, nous avons transmis à cette même institution un dossier comportant les salaires impayés et l’étude de restructuration des cinq entreprises. Ce dossier qui devait être examiné le 19 février a été reporté au 22 du même mois, puis reporté au 1er mars, avant d’être reporté pour une date ultérieure. Nous ne comprenons plus rien à ces reports inexpliqués qui mettent l’existence de notre société en jeu, car entre temps le matériel de l’entreprise est saisie et bradé pour le payement des dettes», a-t-il déploré.
Pour ce qui est des cinq carrières d’agrégats, M. Faradji a tenu à expliquer que, «dans un premier temps, pour sauver la société, il existe une solution à prendre en urgence. Le matériel des carrières est vétuste, le ministère doit nous autoriser l’exploitation en partenariat, nous avons le gisement, c’est un atout. Le partenaire n’a qu’à ramener le matériel de concassage et un appui financier pour démarrer le travail», a préconisé M.Faradji, avant de s’étaler sur la seconde solution.
«Notre société a des parcelles de terrains à Oran. Nous avons un agrément numéro 3105M140107 du 20/12/2015, signé par l’ex-ministre de l’Habitat, où nous pouvons les utiliser pour la promotion immobilière. Malheureusement, sans aucune raison, l’on nous a interdit de le faire», s’est lamenté le syndicaliste qui n’arrive pas à comprendre ce qu’attendent les autorités compétentes pour prendre une décision pouvant sauver les postes d’emploi.
« On nous a donné des logements sociaux à construire au prix forfaitaire, c’est-à-dire à perte. On nous également proposé des travaux exigeant de nous de ne pas faire d’avenant. C’est insensé, car à tout moment, nous pouvons rencontrer des augmentations de prix dans les matériaux de constriction, comme nous pouvons rencontrer des difficultés dans la nature du sol. Pourquoi, l’on ne nous attribue pas des projets important ? Pourtant c’est une très importante société ayant fait ses preuves dans le domaine par la réalisation de grands projets. Nous sommes classé à la catégorie 7, mais c’est le secteur privé qui rafle tout, nous n’avons même pas eu la chance de bénéficier d’un projet dans le cadre des Jeux méditerranéens », regrette ce syndicaliste.
A.Bekhaitia